Une nouvelle tendance : le retro gaming

C’est en octobre que l’on entendait parler pour la première fois, via notre confrère de Rom Game, de ce projet alors un peu nébuleux, puisqu’il était question d’un hommage musical mais aussi de ressusciter Les Voyageurs du temps (1989) et Opération Stealth (1990). Il faut dire aussi que l’initiative a été retardée par la pandémie, sans compter que Jean Baudlot, le compositeur de ces deux classiques mais aussi d’autres édités par Delphine Software, nous a quittés en mars… Mais les choses se précisent avec la création d’une chaîne YouTube, lancée par le teaser ci-dessus relayé sur les réseaux sociaux de Génération Delphine : Facebook, Twitter et Instagram. Et surtout, Fred Ayato, le meneur du projet, a détaillé les objectifs et le calendrier de cette mission mêlant préservation et hommage, une nouvelle fois auprès de ce cher Frédéric Gechter.

Il s’agira donc de proposer, pour chacun des grands classiques créés sous la bannière de Delphine Software, à la fois des remasters de leurs bandes originales sur Amiga (avec les versions Atari ST en bonus), disponibles en téléchargement gratuit et dont des exemplaires seront remis à des institutions comme la BnF et notre association, et des versions réorchestrées (*). Quatre volumes sont planifiés entre novembre et 2023, chacun devant être proposé dans trois éditions différentes. Un cinquième album sera dédié à Another World (1991), le chef d’œuvre de notre membre d’honneur Éric Chahi, et donc à son compositeur Jean-François Freitas, ami de lycée logiquement présent à sa remise de médaille début mai. Une intégrale Jean Baudlot, incluant ses musiques écrites pour d’autres éditeurs comme Ocean, est également prévue mais sera présentée ultérieurement. Enfin, l’un des objectifs de l’initiative est aussi de ressusciter l’engouement autour Les Voyageurs du temps (1989) dans le but de voir naître un remake ou une suite par exemple…

(*) Il y aura en fait trois albums pour chaque volume : les remasters des bandes originales, des réorchestrations symphoniques, et des reprises façon synthwave. Seules ces reprises seront commercialisées, puisque les remasters comme les réarrangements orchestraux seront en téléchargement gratuit, et tout sera bien entendu offert à la BnF et à l’association.

En octobre dernier, un programmeur faisait le buzz en tentant de porter Metal Slug (1996) sur Atari STE, une machine qui n’a notoirement pas pu être exploitée à son plein potentiel à l’époque afin de ne pas se couper d’une bonne partie du public qui utilisait encore les modèles précédents. Néanmoins, comme beaucoup de démos de ce type, les collisions n’étaient pas forcément prises en compte et on pouvait douter que le micro-ordinateur puisse retranscrire fidèlement le classique de Nazca… Eh bien on sait désormais qu’il le pouvait, puisque le développeur a annoncé avoir bouclé une démo du premier niveau, une nouvelle fois sur AtariAge où l’on peut la télécharger. Indépendamment des quelques libertés prises avec le level design d’origine, ce n’est évidemment pas la meilleure version du jeu, et on notera quelques effacements de sprites en haut de l’écran et une interface minimaliste. Mais cela reste d’autant plus impressionnant que tout cela a été réalisé à l’aide d’un framework et non en assembleur, et que ça ne nécessite que 4 Mio de RAM et un disque dur – l’auteur de ce portage en commercialise si ça vous intéresse.

Il y a un peu plus d’un an, Playmaji semblait avoir franchi les principaux obstacles qui l’empêchait de livrer sa Polymega attendue depuis plusieurs années déjà, et on pensait alors que la console rétro modulaire pourrait sortir à l’automne 2020. Mais cela n’a pas été le cas, puisqu’en novembre était annoncé un énième report à février, en raison d’un litige avec Walmart et de l’annulation des précommandes chez Amazon en Europe… Plus tard ce mois-là, nous avions consacré un live à la machine où un bêta-testeur se montrait au moins confiant sur la qualité de l’émulation (qui bénéficie de l’expertise des responsables de Mednafen et de KEGA Fusion), et insistait sur son excellente interface enrichie d’une impressionnante base de données. Hélas, les problèmes ont continué de s’accumuler en 2021 avec les manifestations de février en Birmanie (où la console est fabriquée) et la perte de leur licence d’exploitation en Californie ! Et puis il semble que Playmaji n’ait pas vraiment pris de bonnes résolutions en matière de communication cette année… D’ailleurs, lorsqu’ils ont teasé une mystérieuse annonce sur Twitter jeudi dernier, cela n’a pas été toujours bien accueilli par ceux qui ont précommandé la console il y a près de trois ans.

Quoi qu’il en soit, un communiqué a été publié hier et annonce une sortie le 12 septembre, du moins pour ceux qui l’ont précommandé avant avril 2020, et sachant que les expéditions se poursuivront sans doute jusqu’à la fin octobre. Pour ceux qui l’ont réservé plus tard, certains la recevront dès la fin de l’année mais d’autres devront attendre le premier semestre 2022, période à laquelle sortira également le fameux light gun GC01 annoncé à l’été 2019. Enfin, le communiqué indique que la boutique en ligne de la console devrait ouvrir pour les fêtes de fin d’année… Tout cela est donc plutôt positif même si on ne saurait que trop vous conseiller d’attendre si vous n’avez pas encore craqué. La machine ayant dès le début abandonné la technologie FPGA, il s’agit avant tout d’un PC optimisé pour l’émulation, et ce sont surtout son interface très soignée et ses modules ajoutant ports cartouches et manettes qui lui apportent une vraie valeur ajoutée (mais coûteuse) par rapport à n’importe quel PC doté d’un lecteur CD et des mêmes émulateurs.

Merci à Nintendo Life.

Préface du rédac’ chef (G. Verdin) : Après une chronique consacrée au film Curse of the Monkey Island annulé, on reste en quelque sorte dans le cinéma pour évoquer un jeu qui, lui, a bien existé mais demeure assez méconnu. Cependant, ceux qui ont lu le premier tome de L’Histoire de Nintendo savent probablement déjà que Wild Gunman, dix ans avant de devenir un jeu NES, a été l’un des premiers jeux d’arcade de Nintendo, une borne que l’on peut qualifier d’électromécanique puisqu’elle n’utilise pas d’écran cathodique mais un projecteur de film 16 mm ! Il est également possible que vous en ayez entendu parler récemment puisque, depuis la publication de l’article dont on vous propose la traduction ci-dessous (le lendemain de la mise en ligne de l’article de la chronique précédente, par une coïncidence amusante), deux des huit bobines (celles du Film-D) ont été retrouvées comme évoqué sur Twitter par l’auteure de l’article. En outre, notre ami Michel Louvet y a consacré un épisode d’OldSchool is beautiful que l’on a relayé début juillet.

Tous les visuels proviennent de l’article original à la fin duquel sont détaillés les crédits.

Après le C64 Mini et sa version grandeur nature, beaucoup espéraient un Amiga Mini même si on pouvait légitimement se demander si le petit-frère ne poserait pas de problèmes de droits plus difficiles à régler, en particulier au niveau des jeux. Et quand Retro Games s’est contenté d’annoncer un nouveau modèle de sa précédente machine basé sur le VIC-20 il y a un peu plus d’un an déjà, on pouvait s’inquiéter… En octobre, le fabricant publiait enfin sur sa page Facebook un teasing pour le moins éloquent, tant la silhouette de l’Amiga 500 est reconnaissable, mais ce n’est pourtant qu’aujourd’hui que THE A500 Mini a été officialisé ! Cela dit, les puristes voudront peut-être d’emblée attendre le prochain modèle car, comme son nom l’indique, il s’agit d’une version miniature dont le clavier n’est pas fonctionnel, même si l’on disposera d’un clavier virtuel et qu’on peut bien entendu y connecter un vrai. Cependant, la machine est cette fois équipée en standard d’une souris, mais aussi d’une manette façon CD32 plutôt que le joystick qui a tant posé problème pour la mini machine précédente… Côté jeux, on pourra une nouvelle fois en ajouter d’autres, mais la machine en embarque vingt-cinq, quoique seulement douze ont été révélés pour le moment (voir la liste ci-dessous). Compatible avec les modèles OCS, ECS et AGA de la gamme (jusqu’à l’Amiga 1200 au moins), la machine est attendue en début d’année prochaine, à un tarif qui n’est pas indiqué sur le site officiel mais dans le communiqué de presse, 129,99 €.

Si le freeware original de Juan Antonio Becerra alias Locomalito a été mis en ligne fin mai, un portage MSX signé Manuel Pazos et Fernando García de Retroworks (The Sword of IANNA) était paradoxalement sorti deux semaines plus tôt, mais au format dématérialisé. Ceux qui attendaient une édition physique de Mutants From The Deep seront donc sans doute contents d’apprendre qu’elle est disponible depuis peu chez MSX Cartridge Shop au tarif de 35 € hors frais de port. On peut voir plus d’images de cette édition limitée offrant divers goodies (poster, cartes, etc.) sur le compte Twitter de Javier García « Gryzor87 », le compositeur attitré de Locomalit

Nous n’avions pas abordé l’actualité de L’Écureuil Noir depuis près de deux ans, mais la maison d’édition a bel et bien poursuivi son activité durant la pandémie. Elle a ainsi sorti trois autres guides depuis celui dédié à Gargoyle’s Quest (1990), consacrés à DuckTales, Adventures of Lolo (1989) et Ocarina of Time (1998) respectivement. Ils sont cependant toujours disponibles sur la boutique pour 15,90 € chacun. En parallèle, l’éditeur a également lancé en 2020 des guides Deluxe dont certains existaient déjà en version standard, mais ceux de Super Aleste (1992) et Secret of Mana (1993) étaient inédits. Et malheureusement, ces éditions dotées d’une couverture cartonnée et d’un papier de meilleur qualité étaient uniquement proposées dans le cadre de campagnes de financement… On espère donc qu’on ne loupera pas les prochaines à partir de celle qui vient d’être lancée sur Ulule. Elle vise à concrétiser le 25e guide complet qui abandonne pour la première fois les consoles au profit des micro-ordinateurs avec le mythique The Secret of Monkey Island (1990). L’objectif est d’ores et déjà atteint mais vous avez jusqu’au 26 septembre pour réserver votre exemplaire au format classique (à droite ci-dessus) pour 20 €, en version Deluxe pour 30 € ou les deux en bundle à 45 €. Les frais de port sont inclus pour la France.

En attendant l’alléchant Pocky & Rocky Reshrined, l’éditeur allemand Strictly Limited Games nous propose de patienter avec des éditions physiques de Wild Guns Reloaded, le jeu qui avait fait connaître l’équipe Tengo Project auprès des retrogamers, comme il l’avait d’ailleurs fait pour son deuxième remaster, The Ninja Saviors… Mais la petite surprise est que ce soir à minuit, avec comme d’habitude une seconde chance demain à 18h, on pourra non seulement précommander le titre sur PlayStation 4 et Switch, mais on pourra également mettre la main sur une réédition de l’original, Wild Guns (1994), sur son support d’origine, la Super Nintendo, en version PAL ou NTSC pour 49,99 € hors frais de port. Sur plateformes modernes, on a du droit à du plus classique avec une édition standard (PS4, Switch) à 29,99 € et une édition collector (PS4, Switch) à 69,99 €. Cette dernière contient bien évidemment divers goodies, du manuel enrichi à la bande originale en passant par le poster, les stickers et même une balle de revolver à porter autour du cou !

Il est donc évident qu’on ne parle non seulement plus d’acheter des jeux pour jouer, mais même pas pour les mettre en valeur sur ses étagères… Or lorsque Rally avait acquis son exemplaire de Super Mario Bros., celui qu’elle a revendu début août pour plus de deux millions après avoir refusé une offre à 300 000 dollars (pourtant près de trois fois supérieure à son prix d’achat), Heritage Auctions n’avait pas forcément indiqué que l’acheteur était une société. Certes, lors de la vente de Super Mario Bros. 3 (1988) en novembre 2020, la maison avait présenté son acquéreur, Eric Naierman, mais avec un storytelling bien étudié. Ce dentiste avait alors été qualifié d’un des plus grands collectionneurs de jeux vidéo, alors qu’il a avoué très librement par la suite n’avoir commencé qu’en 2019, et que les fonds avaient de toute façon été réunis par un groupe d’investissement. Et il avait beau assurer avoir beaucoup de nostalgie pour la NES, il semblait surtout être excité d’être l’un des premiers à avoir investi au bon moment dans le jeu vidéo, regrettant (comme tout un chacun) de ne pas avoir saisi certaines occasions par le passé…

La vidéo aborde ensuite une autre mécanique, pour faire grimper les prix lors de l’enchère elle-même. Et les habitués d’eBay connaissent bien cette méthode pour le coup, qui consiste à créer une fausse compétition en participant à l’enchère avec un autre compte ou en demandant à un ami de le faire, quitte à annuler la vente en cas de gain de ce dernier, ou plus simplement revendre l’objet plus tard. Et comme ici il n’y a pas que le vendeur qui gagne de l’argent, on n’est pas trop surpris d’apprendre qu’Heritage Auctions a déjà été attaqué en justice pour cela. La société n’a pas forcément été condamnée, mais Jim Halperin a ouvertement menti lors d’un procès. Et si c’est toutefois difficile à prouver, un ancien employé affirme que l’homme d’affaires s’est plusieurs fois vendu ses comics à lui-même, juste pour en augmenter régulièrement la valeur. Deniz Khan affirme de son côté que les employés de WataGames n’ont pas le droit d’évaluer leurs propres jeux et de vendre des jeux notés par l’agence, mais outre le fait qu’on a déjà mentionné des vendeurs entretenant des liens avec la compagnie, on en trouve en fait beaucoup d’autres exemples.

Selon lui, les vendeurs se sont créé ces dernières années un stock de jeux sous blister mais qu’ils ont fait évaluer par WataGames au compte-gouttes avant de les vendre, là encore, un par un pour simuler la rareté alors que certains titres ont déjà été notés des centaines de fois comme on l’a vu… Les prix devenant prohibitifs, les acheteurs passent par des sociétés d’investissement et les jeux sont revendus toujours plus chers pour permettre à chacun de gagner un peu d’argent à chaque transaction. Mais comme la progression des montants est exponentielle, il faut toujours plus d’acheteurs pour que les vendeurs y gagnent, et on se retrouve donc dans le schéma de la pyramide de Ponzi – ce qui nous ramène là encore à la crise de 2008. Évidemment, Heritage Auctions comme WataGames contestent ces arguments et accusent de calomnies Karl Jobst comme Seth Abramson, mais ce dernier en particulier contre-attaque sans relâche. Il a donné sur Twitter l’exemple de deux jeux évalués par Wata semblant indiquer que l’agence de notation favorisait assez nettement Heritage au détriment d’un autre site de vente, ComicConnect. Il a aussi découvert l’implication dans Wata de Richard Lecce, l’un des trois acheteurs du Super Mario Bros. ayant établi le premier record. Et il s’est même rendu compte, sans l’avoir prémédité, avoir acheté trois jeux à Mark Haspel alors que ce dernier n’avait pas le droit de le faire…

Il y aurait encore de nombreuses choses à dire sur le sujet, des choix discutables d’agence de relations publiques à la participation de l’émission Pawn Stars mais, pour le dire poliment, les articles de Seth Abramson vont souvent très en profondeur… Et si les sociétés impliquées continuent de nier toute intention maligne, elles ne semblent en tout cas pas prêtes à corriger le tir, alors que ces affaires éclatent logiquement de plus en plus au grand jour, au fur et à mesure que de nouveaux records sont battus. Le mois dernier, c’est Yūji Naka en personne, le cocréateur de Sonic, qui s’étonnait comme on le voit ci-dessous du montant atteint par un exemplaire du classique de la Mega Drive, se demandant si ce n’était pas une escroquerie… Alors certes, cette bulle spéculative peut avoir de temps à autre des conséquences plus positives, comme lorsque le gain profite à l’organisme caritatif américain Goodwill par exemple mais, encore une fois, toutes les bulles finissent par éclater. Comme l’achat des jeux est uniquement motivé par le gain potentiel d’une future revente et non par la collection, dès que le cours commence à baisser un peu, les spéculateurs paniquent et revendent tout, accélérant d’autant plus sa chute.

Microids ayant signé un accord pour deux jeux avec Taito en septembre, on s’attendait bien à des comebacks de jeux d’arcade japonais mais c’est Data East qui est derrière Joe and Mac: Caveman Ninja (1991), croisé pour la dernière fois sous la forme d’une réédition sur PlayStation 4 début juillet. En revanche, devant les deux premières captures d’écran de ce remake, qui promet toutefois un mode aventure inédit enrichi de nouveaux stages, on devine tout de suite qu’il s’agit du nouveau projet de Mr Nutz Studio, la société de Pierre Adane et de notre membre d’honneur Philippe Dessoly. Pour rappel, les deux complices s’étaient retrouvés en 2018 sur le remake de Toki (1989) puisqu’ils avaient déjà travaillé ensemble sur le portage Amiga du classique, et ils viennent de boucler Astérix & Obélix : Baffez-les Tous ! qui est attendu à la fin du mois prochain. On ne sait en revanche pas grand-chose d’autre sur ce nouveau remake si ce n’est qu’il doit sortir dans le courant de l’année prochaine, sur PC et consoles. Avec un Flashback 2 d’ores et déjà prévu en 2022, l’éditeur français qui vient en outre de créer à Paris un second studio de développement ne semble donc pas prêt de laisser tomber le créneau du rétro. Croisons juste les doigts pour que les jeux qu’ils nous préparent ne se contentent pas de bêtement reposer sur la nostalgie…