La Sega Saturn et ses jeux

The Sacred Pools, un thriller érotique de SEGA exhumé
   De Guillaume Verdin dans la catégorie Actualités, Retroculture
   3 novembre 2022

Le milieu des années 1990 a été une période bien difficile pour SEGA, en particulier aux États-Unis. Le lancement prématuré de la Saturn là-bas s’est avéré catastrophique, et le constructeur commence déjà sérieusement à réfléchir à la suite… Apparemment, le président Isao Okawa songe alors déjà à se tourner vers le PC et, en février 1996 est créé un nouveau studio, SegaSoft (plus tard Sega.com), résolument tourné vers Internet et autorisé à sortir des jeux pour la concurrence, PlayStation comprise ! C’est ainsi qu’il se lance notamment dans The Sacred Pools, un jeu d’aventure multiplateforme s’adressant à un public adulte (mais sans nudité cela dit), basé sur la full motion video et censé exploiter la technologie VNRS (Virtual Navigation in Real Space) donnant la sensation de se mouvoir librement. Pour ce faire, la société fait appel au vétéran James Riley recruté sur la NEMO et qui a donc notamment tourné les images de Night Trap (1992), avec un budget de deux à trois millions de dollars, très élevé pour l’époque mais qui se retrouve dans un certain luxe des costumes et des décors. On voit aussi les choses en grand à l’E3 de 1996 en organisant une soirée à laquelle sont invités tous ceux qui ont récupéré la mystérieuse bille offerte sur le stand…

Seulement cette débauche de bonnes intentions n’aura pas suffi à convaincre la presse qui trouve le jeu extrêmement ringard à une époque où la full motion video commence à avoir très mauvaise réputation. The Sacred Pools est alors repoussé à plusieurs reprises puis discrètement annulé au milieu de 1997, alors que le directeur du studio, Joe Miller, l’a déjà quitté en début d’année et que Bernie Stolar, le nouveau président de SEGA of America, annonce très publiquement arrêter les frais avec la Saturn… Pendant des années, le jeu semblait perdu hormis un prototype sous le nom Rebellion – il a aussi été connu en tant qu’Amazonia – diffusé sur une compilation non officielle en 2004. Ce n’est qu’en mai dernier que Gaming Alexandria a eu vent que l’un des producteurs de The Sacred Pools, David Gray, était en possession de plusieurs CD-ROMs du titre. Il les avait reçu en cadeau d’adieu à son départ de Segasoft en 1999. Les images disques pour Windows 95, PlayStation et Saturn (ainsi qu’une version pour le kit de développement de la Saturn sous Macintosh) sont donc désormais disponible sur Internet Archive. Retrouvez plus d’infos à cette adresse.

Sorti en toute fin d’année 1998 sur PC et Mac, soit peu après le troisième épisode de la série, Tomb Raider: Unfinished Business, également connu en tant que Tomb Raider Gold aux États-Unis, est une version étendue de Tomb Raider (1996) ajoutant quatre niveaux inédits répartis sur deux chapitres. Celle-ci a déjà été adaptée officieusement sur PlayStation (deux fois même) ces dernières années, non sans difficultés toutefois, mais elle n’était pas encore disponible sur la console qui a mine de rien accueilli la première le classique, sous la forme d’une (très courte) exclusivité temporaire… Retro Raider John s’est donc attelé l’année dernière à réparer cette injustice, et l’opération s’est avérée encore plus délicate que sur la console rivale, du fait de la gestion de la mémoire plus complexe sur Saturn. Au moment d’importer les textures, tous les niveaux plantaient sauf un… Il a donc fallu pas mal d’optimisations pour parvenir à un résultat satisfaisant, hormis trois petits problèmes listés dans la description de la vidéo ci-dessus. C’est aussi là qu’on trouvera un lien pour soutenir le développeur, au lieu de se contenter de récupérer le jeu à cette adresse. Les fans de Lara Croft sont en tout cas gâtés ces temps-ci, malgré le transfert de la licence entre Square Enix et THQ Nordic, entre l’annonce des remasters de la trilogie et celle d’une série animée sur Netflix.

Merci à Time Extension.

Après sa manette « rétro » destinée à la GameCube, le fabricant Retro-bit prend en quelque sorte le chemin inverse en ouvrant les précommandes d’un pad « pro » pour Saturn, mais pas que. Celui-ci recrée bien entendu fidèlement le design populaire de l’original, et lui ajoute deux sticks analogiques, une paire de boutons de tranche, et des boutons Home et Select. Car chose peu commune, la manette est livrée non pas avec un mais deux adaptateurs sans fil 2,4 GHz, l’un en USB pour l’utiliser sur des plateformes modernes, et l’autre reprenant la connectique de la console de SEGA. On pourra ainsi utiliser les sticks analogiques pour les jeux compatibles avec le fameux 3D Control Pad même si, malheureusement, les boutons de tranche ne semblent pas analogiques pour respecter le design d’origine. Proposé au tarif de 49,99 € et attendu en décembre, le pad est donc déjà en précommande mais les distributeurs listés sur la page dédiée sont (pour le moment) uniquement anglais et allemands. On espère donc qu’il sera plus facile à se procurer ici que le BIG6…

Et puisque l’on parle de Saturn, c’est un autre Français, le moddeur Frogbull, qui a publié la vidéo d’un (faux) prototype d’adaptation de Metal Gear Solid (1998) sur la console de SEGA. Un programmeur aurait confirmé son existence à l’époque lors du Tokyo Game Show, et le titre aurait été annulé à cause de la sortie imminente de la Dreamcast, mais Frogbull a avoué sur les forums de SegaXtreme avoir créé lui-même le prototype ci-dessus pour au moins prouver que la Saturn pouvait faire tourner le classique de notre membre d’honneur Hideo Kojima. Certains préfèreraient bien entendu juger sur pièce, mais Frogbull préfère ne pas distribuer son travail pour éviter l’apparition de bootlegs dans le commerce… Il envisage toutefois de continuer de plancher dessus et on peut le soutenir via sa page Patreon.
Source : Time Extension

On reste dans le survival horror mais on passe à la section homebrew de ce bilan avec tout d’abord ce Cold Case en lice pour le concours de développement Saturn lancé début septembre sur SegaXtreme. Entamé en début d’année, le jeu nécessite encore du travail comme on le voit ci-dessus ou dans cette vidéo de démonstration, mais le résultat est tout de même impressionnant quand on sait qu’il n’est développé que par une seule personne, un dénommé jberetta. Une démo jouable est disponible depuis peu depuis la page dédiée du jeu.
Merci à Time Extension.