Actualités du jeu PC

Peut-on en vouloir à Double Dragon IV d'avoir fait du Double Dragon pour contenter ses fans ? Au vu des exemples récents, certains honnêtes, d'autres complètement ratés, on comprend que les développeurs aient joué la carte de la sécurité. Résultat, un titre qui reprend les codes d'un des épisodes les plus populaires de la série sans les dénaturer, avec une petite touche de modernité en plus. Le problème, c'est quand cette absence de prise de risques se ressent dans le manque d'imagination du jeu. A quelques niveaux près, et le choix assez surprenant des boss de fin, on déroule les salles comme on dérouille les ennemis, en spammant à l'infini des techniques trop puissantes pour étouffer un bâillement. Ca fait cher le trip rétro expédié en deux parties sans vraiment de raison d'y revenir - et l'absence de multi en ligne n'est qu'une raison parmi d'autres. A voir en soldes, quand le tarif européen (11,99 €) voudra bien s'aligner sur le prix américain (6,99 $).

C’est en prenant des risques et en se retroussant les manches que Rebellion insuffle une réelle identité à son Sniper Elite 4. Grâce à un level design ouvert qui sert au mieux le gameplay et l’utilisation de la panoplie d’équipements, le titre offre une expérience à la carte et des terrains d’expérimentation vraiment bien inspirés pour qui voudra s’amuser à envoyer du fasciste ad patres. La killcam est toujours un délice pour les yeux et atténue quelque peu les errances du jeu, notamment sur la détection des dégâts, le manque d’outils pour être véritablement précis ou quelques portions de maps qui fonctionnent moins bien. A défaut d’être l’expérience ultime en la matière, SE 4 sera surtout une bonne excuse pour transformer des cohortes de nazis en passoire et c’est déjà pas mal.

Jouer à 2Dark, c’est un peu comme retrouver un vieux sachet de Tang dans son cartable de gosse : l’idée d’un petit trip rétro est alléchante mais la date de péremption passée depuis vingt balais vient vite rappeler l’erreur commise en vous filant des ulcères. Ni inspiré, ni inspirant, le titre de Gloomywood ressemble plus à un jeu créé pour faire plaisir à ses créateurs et non à ses joueurs. Les plus impatients relanceront donc leur DOSBox pour se goinfrer leur madeleine de Proust sur les gloires de l’époque, tandis que les autres passeront leur chemin au ralenti, le smartphone à la main pour filmer le lieu du carambolage.

De ces dix heures à se creuser la soupière sur Thimbleweed Park (comptez moitié moins si vous jouez en casual) on ressort séduit, mais pas forcément conquis à la vie à la mort. Comprenez bien que ni la proposition d'énigmes, ni la finesse de son script ne sont en cause : la première est aussi variée que réussie et le second sonne comme une hilarante lettre d'amour à un temps révolu. Un ou deux protagonistes de cette enquête farfelue refuseront même de quitter le joueur après le générique, quitte à briguer une place dans son panthéon personnel.

Le problème, c'est que le projet de Ron Gilbert et Gary Winnick reste un peu trop replié sur sa propre légende et préfère se faire l'écho d'un seul jeu plutôt que la somme d'un genre. Sur l'île de mêlée, Guybrush aurait pu lui enseigner les vertus d'une remarque bien sentie quand le joueur fait n'importe quoi de ses objets. En piochant du côté de Day of the Tentacle, il aurait certainement trouvé une manière élégante de gommer ses trop nombreux allers-retours. Chez Sam & Max enfin, il aurait appris l'importance de la communication entre héros dans une dynamique de groupe. A la place, Thimbleweed Park préfère invoquer l'orthodoxie et embrasser ses limitations comme autant d’hommages à Maniac Mansion. Un choix qui comblera certainement ses 15.623 mécènes, mais qui pourra décevoir ceux qui pensaient enfin y voir liés les différents héritages des années LucasArts.

Pour que Syberia 3 vous enivre, il faudra faire un choix. Les plus exigeants ne manqueront pas d'être rebutés, à juste titre, par les nombreux problèmes qui ternissent l'expérience de la troisième aventure de Kate Walker. Caméra erratique empêchant parfois la résolution de puzzle, optimisation PC ratée, maniabilité entièrement à revoir, doublage et synchronisation labiale aux fraises... autant d'éléments pouvant aisément venir à bout de la patience du joueur endurci. Pourtant, avec recul et tolérance, vous pouvez aussi choisir de passer outre tout cela et d'apprécier ce qui reste un jeu d'aventure qui fait honneur à son héritage. Qu'il s'agisse de son histoire, de son atmosphère unique, de ses puzzles inventifs ou de sa direction artistique de haute volée, Syberia 3 dispose de solides arguments malheureusement trop vite contrecarrés par des lacunes techniques d'un autre temps. Aussi charmant qu'agaçant, Syberia nous offre des retrouvailles en demi-teinte.

Sorte de Far Cry 2.5 en Europe de l'Est, Sniper Ghost Warrior 3 n'a pas vraiment grand chose dans sa besace pour emporter le coeur du joueur. Avec ses mécaniques vues et revues, et son histoire aussi plaisante à suivre qu'un Bastia-Nancy en Ligue 1, le titre cumule les retards sur tous les points : cinq ans pour sa technique, dix pour son game design et quinze pour son écriture. Mais à la manière de tout bon nanar, le titre ne vient jamais frustrer le joueur ou lui casser les bonbons en voulant en faire trop, et se laisse finalement terminer aussi facilement qu'un téléfilm allemand un lendemain de cuite, les relents de bière en moins.

Le jeu d’aventure ira probablement mieux quand ceux qui en ont fait un genre aussi passionnant arrêteront de céder à ce qu’ils pensent être un apport de modernité. Le peuple demandait une écriture solide et de puzzles inventifs, mais le projet Syberia 3 a semble-t-il préféré utiliser ses longues années de gestation chahutée pour livrer une 3D indigente saupoudrée de gadgets à base de rotation de joystick, jetant au feu ses qualités d’univers et d’écriture. Comme une rupture avec le passé, en témoigne l’absence inexcusable de contexte narratif, le titre tente le grand écart son public d’hier et celui d’aujourd’hui, mais risque plutôt de finir avec le mépris des premiers et l’indifférence des seconds. Vu le potentiel de la série et le remarquable travail de recherche visuelle fait en amont, il reste à espérer que Benoît Sokal revienne un jour avec un jeu digne du talent qu’il n’a sûrement pas perdu en route.